7/01/02 Rev 2

 

LES MOTIVATIONS ANTINUCLEAIRES

(ou " La Face cachée du Lobby vert ")

 

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Il est intéressant de se pencher sur le passé proche et et de se poser des questions sur l’évolution de la perception par le public de l’énergie nucléaire dans notre pays et plus généralement dans les pays dits " de l’ouest ".

Que constate-t-on ?

Souvenons-nous des années 50 et 60, de l’enthousiasme qui entourait les premières réalisations d’énergie nucléaire civile, pourtant bien modestes et encore chancelantes par rapport à ce que nous savons faire aujourd’hui.

L’inauguration du premier réacteur de Calder Hall (50 MW, soit 50 000 kW) par la reine d’Angleterre en Août 1956, les réacteurs français G1, G2, G3 à Marcoule (1956-1960), le réacteur PWR américain de Shippingport (100 MW, 1957), les premiers réacteurs rapides en Angleterre, en France, en Allemagne, le projet italien…Autant de réalisations qui soulevaient l’enthousiasme des gouvernants et des citoyens.

Même le Luxembourg caressait l’idée de construire un réacteur !

Et pourtant, l’énergie nucléaire avait commencé dans les larmes avec les bombes sur le Japon en Août 1945, Japon qui, 20 ans plus tard en 1965, mettait en route son premier réacteur de puissance de 120 MW.

Comment donc se fait-il que l’opinion, naguère si enthousiaste, soit devenue si frileuse, pour ne pas dire franchement hostile, alors même que la démonstration de la sûreté de nos centrales est clairement établie ? Et ce revirement de l’opinion avant même l’accident de Three Mile Island aux USA, qui ne fit aucune victime, en 1979, et bien avant Tchernobyl en 1986.

Cette évolution négative date en gros du début des années 70, alors que l’on ignorait tout des pollutions soviétiques à Mayak dans les années 50 et de l’explosion de Kyshtym en 1957, soigneusement tenus secrets.

Seul le feu dans une pile plutonigène anglaise à Windscale en 1957 avec des rejets d’iode radioactif avait ému davantage les spécialistes, à vrai dire, que le public.

Certes, la répétition des essais militaires atmosphériques, notamment soviétiques et américains, et la mesure des retombées radioactives, dont le cumul équivaut à 100 fois celles dues à l’accident de Tchernobyl, a impressionné défavorablement les scientifiques et une frange de spécialistes et de médecins, mais sans affecter, pensons-nous, la population dans son ensemble, laquelle, avec son bon-sens, faisait la différence entre les applications militaires et civiles.

Ce lent revirement de l’opinion, vers le début des années 70, qui a fini par se généraliser en quelques années en une défaveur pour l’énergie nucléaire, a de quoi surprendre et l’on est fondé de se poser des questions à ce sujet.

On a pu constater, en même temps, une attitude de défiance du public vis à vis des Autorités gouvernementales censées l’informer et le protéger, attitude critique s’appuyant sur des accusations de recel d’information, d’opacité et de secret. Cette attitude subsiste et nuit profondément à l’image que le public se fait du systême de protection et de contrôle de la sûreté dans nos pays. Du coup, les Autorités ont du mal à se faire entendre et ont parfois la tentation d’être plus sévères que la juste application du règlement le demanderait.

M. Lacronique, Directeur de l’Office de Protection contre les Radiations Ionisantes (OPRI), a déclaré avec raison dans un article publié dans Le Figaro, que seul un procès pourra montrer au public que les cancers de la thyroïde en France, montés récemment en épingle par diverses associations antinucléaires, n’ont que des probabilités infimes d’avoir pour cause l’accident de Tchernobyl, comme le pensent les médecins spécialistes de la question. C’est également le cas des procès en diffamation gagnés par le Professeur P. Pellerin, Directeur de l’Office au moment de l’accident de Tchernobyl, contre des antinucléaires notoires qui propageaient l’idée du " mensonge " des Autorités de Radioprotection concernant le " nuage " de Tchernobyl.

Il ressort implicitement de ces éléments que les média mettent en doute les déclarations des autorités de tutelle, et partant, le public suit l’opinion de ces média. Cet état de choses est déplorable, quand on sait que la majorité des média reprennent quasi-automatiquement les élaborations d’institutions dites " indépendantes ", en réalité notoirement antinucléaires qui font le lit, sans doute à leur insu, du " lobby du carbone ".

Sans être un émule de Vladimir Volkoff, l’un des théoriciens de la désinformation, on peut se poser des questions sur les attaques systématiques des antinucléaires, sous tous les prétextes, contre les éléments-clefs de l'industrie nucléaire représentés par les surgénérateurs, le retraitement-recyclage des combustibles nucléaires usés, leur transport, le stockage des déchets, ces éléments justement qui rendent ce type d’énergie réellement " durable ".

Il s’agit ici d’une stratégie préméditée.

Il reste à mettre à jour la saga secrète des mouvements antinucléaires, qui se rattachent pour part à des conceptions élitistes nées dans le courant du siècle dernier, pour part aux mouvements contestataires de Mai 68, pour part à des actions d’associations pacifistes, pour part à des idéologies révolutionnaires. Mais je suis persuadé comme d’autres, et les indices sont là pour le prouver, que ces divers mouvements ont été accompagnés et récupérés par des " intérêts " cachés à des fins tantôt politiques, tantôt économiques. Je pense pour ma part que ces manoeuvres proviennent de l’extérieur de notre pays, qui partiellement en fait les frais.

Ci-joint quelques indices et réflexions sur la question.

La vague antinucléaire est trop forte pour être seulement idéologique ou fondée sur le spectre de la bombe ou des fameux déchets, ou sur le sempiternel " secret " ou " l’arrogance " du " lobby nucléaro-industriel ". Il y a un accompagnement politico-économique organisé.

Ceux qui ont des indices sur les connections politiques ou économiques de groupes antinucléaires devraient les communiquer, cela pourrait donner à réfléchir et faire l’objet d’histoires surprenantes. Certains repentis de Greenpeace ou d’autres mouvements commencent d’ailleurs à entr’ouvrir des perspectives.

C’est dans une réelle manipulation, à mon avis, qu’il faut rechercher une des principales racines du problème.

Je pense pour ma part aux étapes suivantes :

- dans le début des années 50, Staline lance l’appel de Stockholm sur la dénucléarisation militaire, tout en poursuivant activement les efforts de défense nucléaire de l’URSS dans des villes secrètes ;

- fin des années 60, début 70, on assiste à l’éclosion de mouvements pacifistes antinucléaires, de groupes chrétiens, bouddhistes, de médecins, etc…contre la guerre nucléaire. A ces mouvements on peut rattacher le lancement de Greenpeace première version vers 1970-1972. Je connaîs personnellement un bouddhiste qui a milité pendant cette période avec un courage personnel certain. Ces gens étaient-ils manipulés ? Le doute est permis ;

  • L’accident du réacteur de Three Mile Island, qui n’a pas fait de mort, en 1979, est hautement médiatisé, cf. le film du China Syndrome. En RFA, on parle du " GAU " : der Grosse Atom Unfall, La Catastrophe Absolue.

    Campagnes de diabolisation du plutonium, " l’élément le plus dangereux et le plus toxique de la planète, créé par l’homme "; battage médiatique impressionnant contre un Superphénix gênant, méga-manifestation internationale musclée sur le site récemment ouvert en Juillet 1977; tir de roquettes contre Superphénix en Fev. 82, de nuit, attribué à Carlos. Les motifs de l’affaire Rainbow-Warrior, peut-être, ne seraient-ils pas seulement Mururoa ?

    - après la chute du Mur en 89, il est vraisemblable que les influences cachées soient davantage d’ordre économique : récupération par des charbonniers et pétroliers d’outre-Atlantique ? Des indices semblent confirmer cette thèse, (expédition mouvementée de Pu02 japonais de la Hague vers le Japon en novembre 1992 avec instructions aux commandos de Greenpeace à Cherbourg par radio émanant des USA), battage médiatique contre Superphénix, Sellafield et la Hague, arrêt du surgénérateur tout neuf SNR 300 en RFA, indiscrétions d’un ex-dirigeant pétrolier sur des subventions déguisées à Greenpeace....

    Lancement à fond des campagnes anti-déchets "pour la protection des générations futures" : chacun tombe dans le panneau, y compris les scientifiques qui semblent ignorer la présence des déchets industriels toxiques moins bien gérés et d’un tonnage plusieurs dizaines de fois supérieur; accompagnement délirant par les média les plus sérieux des solutions "alternatives" pour remplacer l’énergie nucléaire : le vent, le soleil, les vagues, etc. ; déclarations contre tout bon sens au niveau de la Commission Européenne stipulant que l’énergie nucléaire doit être écartée des mécanismes de réduction de l’effet de serre. "Le gaz, énergie virginale par excellence" (M. Rivasi), etc, etc…

    Refus de la Banque mondiale de financer quelque projet nucléaire civil que ce soit.

    " Coup " des leucémies autour de Sellafield, de Hambourg, de Penly, de la Hague, insinuations répétées et infondées de dangers encourus par les populations, répandues par des institutions telles que la Crii-Rad en France et ses homologues dans d’autres pays d’Europe. Les éléments contradictoires des Autorités qui les confondent après coup sont rarement publiés par les média.

    Mise en doute systématique par les institutions antinucléaires des déclarations de ces autorités officielles compétentes qui se retrouvent de ce fait en porte-à-faux vis à vis de l’opinion.

    Films divers suggestifs des dangers du nucléaire, amalgames avec les armes atomiques, " The Atomic Train ", etc, etc.

    Il est instructif de jeter un coup d’oeil au livre de Jeremy Leggett, un ancien professeur anglais en techniques pétrolières converti à l’énergie solaire avec l’aide de Greenpeace, "The Carbon War". Pas un mot sur les potentialités de l’énergie nucléaire (!), mais un tableau intéressant du " lobby du carbone ", selon ses termes, qui en dit long sur la puissance et les méthodes de ce cartel.

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    On pourrait allonger cette liste sans problème !

  • L’opposition forcenée de WWF en Suisse contre Superphénix et celle d’une certaine intelligentsia genevoise, les interventions de WWF, de la Ville de Genève, etc., auprès du Conseil d’Etat via le Cabinet Huglo-Lepage, les rapports entre le bureau parisien de Greenpeace et le Ministre de l’Environnement, ci-devant avocate de WWF, sont à prendre en compte.

    De même des instances discrètes et haut placées, héritières des idées de Bertrand Russell, de Denis de Rougemont, du Club de Rome, semblent avoir joué un rôle dans le concert antinucléaire.

    Les prises de position du magnat de la presse Jimmy Goldsmith dont le frère dirigeait Greenpeace UK, sont pour le moins ambigües.

    Notons également l’ouverture de Wise-France à partir d’Amsterdam dès 1990, Amsterdam étant le siège de Greenpeace International, les relations qui se sont établies par la suite entre Wise et l’Inestène, proche de l’ADEME chère à Madame Voynet. Wise est au carrefour du " lobby " antinucléaire international et a ses entrées auprès du Parlement Européen dont l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (STOA) lui passe commande d’études d’impact particulièrement orientées. La très officielle Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires qui contrôle nos réacteurs a la faiblesse d’ouvrir les pages de sa revue " Contrôle " aux élucubrations de Wise et de son homologue allemand l’Öko Institut, à peine plus sérieux sur le plan scientifique, sous prétexte de " transparence " et d ‘ouverture.

  • Tous ces éléments sont à rapprocher, et l’on s’apercevrait :

  • - que les instances nucléaires en France et ailleurs avaient peut-être quelques bonnes raisons d’être un peu discrètes, ce qu’on leur reproche comme manque de transparence;

    - que le soi-disant " lobby " nucléaire civil d’aujourd’hui est bien naïf de s’imaginer que la condition nécessaire et suffisante est d’être ouvert et honnête pour s’attirer la sympathie des foules en matière d’énergie nucléaire pacifique, car le terrain est miné.

  • Cessons de croire que nous maîtrisons le système !

    Seule une volonté politique affirmée par les plus hautes instances dirigeantes clouerait le bec aux marchands de frayeurs, manipulés, on veut le croire, à leur insu. C’est cette manipulation elle-même qui doit être révélée et dénoncée.

    De son côté, le Président Poutine a déclaré posément à l’ONU le 6 septembre 2000 que la Russie allait favoriser les surgénérateurs pour un développement propre et durable, et accessoirement pour brûler ses stocks de Pu militaire, afin d’économiser ses ressources fossiles - qui sont les plus importantes au monde - pour les générations futures. Nos média seraient bienvenus de méditer ce message, puisque nos gouvernants, à part exceptions timides, n’osent rien dire et laissent la parole à de braves inconscients comme l’Association des Ecologistes Pour l’Energie Nucléaire et quelques autres, qui pour l’instant, prêchent dans un quasi-désert... Mais dans le désert, les voix réverbèrent à l’infini pour devenir d’assourdissantes vérités un jour.

    Le lecteur trouvera peut-être dans ces réflexions matière à investigation et à un rapprochement de toutes sortes d’indices.

    Nos antinucléaires de salon ou de clubs seraient bien surpris, ou le seraient-ils ? de découvrir certains ressorts bien cachés. Le bon public le serait sans doute davantage. Il est vrai que l’accident de Tchernobyl est arrivé à point nommé pour faire une diversion intéressante aux catastrophes de Bhopal, de l’Amoco Cadiz, etc...

    Il n’est pas inutile de méditer ces lignes. Faisons appel à notre mémoire. Nous trouverons peut-être des rapprochements saisissants ou troublants qui n’ont que des rapports lointains avec notre énergie nucléaire. Un jour, un livre sera écrit sur la question, avec une couverture noire ! Et je suis un optimiste !

    L’élément décisif, le " bottom line " comme l’on dit outre-Atlantique, c’est le prix du pétrole et celui du gaz, associé au risque d’effet de serre, qui commence à faire réfléchir l’industrie pétrolière et charbonnière, notamment américaine, à la suite en particulier des déconvenues électriques de la Californie et des prises de position du Président Bush. Les déclarations de la Vice-Présidente de la Commission Européenne Loyola de Palacio sur l’indépendance énergétique de l’Union, sont également pleines de sagesse. D’ailleurs, la France, qui en quelques décennies, grâce à son équipement nucléaire, est passé d’un taux de dépendance de 75 % à 50 %, avec les économies et la stabilité correspondantes, en est un bon exemple au sein de l’Union Européenne, exemple qui fait des envieux.

    Le temps aidant, on va voir les préjugés tomber, les arguments s’affadir, l’énergie nucléaire regagner son droit de cité dans nos pays européens, les " écologistes " se rallier peu à peu à des arguments qui deviendront l’évidence, les pétroliers et les charbonniers se diversifier dans l’énergie nucléaire. Dans combien de temps ? Sans doute plus vite qu’on ne le pense.

    Mais, de grâce, ne soyons pas dupes, et ce message s’adresse d’abord à nos amis écolos de base, qui ont suffisamment " donné " !

    Michel Lung,

    Ancien Directeur à SGN,
    Membre de l’Association des Ecologistes Pour le Nucléaire, AEPN,
    www.ecolo.org

    mlung@compuserve.com

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    2. W.Volkoff, Petit traité de la désinformation, Ed. le Rocher (1999)

       

    3. J. Leggett, The Carbon War, Penguin Books (2000)

       

    4. O. Vermont, La Face cachée de Greenpeace, Albin Michel, (1996).