SUPERPHENIX et manipulation de l'opinion publique

leçon n°1 : tronquer l'information

Histoire vraie : une présentatrice des prévisions météorologiques sur une chaîne de télévision devient en 1998 pour quelque temps une « spécialiste » des questions nucléaires sur cette même chaîne. Spécialiste bien entendu « indépendante », mais dont les opinions étaient cependant clairement perceptibles.

Sa méthode d'interview était assez efficace.

Expliquons-en la technique à l'aide d'une petite illustration empreintée à un célèbre humoriste.

Celui-ci donnait une définition très originale mais tout à fait acceptable du sucre :

« Le sucre est ce petit cube blanc qui donne un goût si amer au café... quand on oublie d'en mettre ».

Définition certes acceptable mais on ne peut plus dangereuse.

En effet supposons que par, maladresse ou (horreur, mais est-ce possible ?) par malveillance, la partie de la définition située à l'aval des points de suspension vienne à disparaître ou à être par inadvertance « oubliée » au cours d'une interview donnée par notre humoriste.

Que deviendrait cette définition ?

« Le sucre est ce petit cube blanc qui donne un goût si amer au café ».

On imagine la déception et l'amertume, dans tous les sens du terme, de l'interviewé !

Passons maintenant du sucre au nucléaire.

Quelques temps après la décision de 1998 du Gouvernement d'arrêter définitivement la centrale SUPERPHENIX de Creys-Malville, la présentatrice de télévision effectue une interview du directeur de la centrale, alors M. Bernard Magnon.

A la question posée par la journaliste ; « Et si c'était à refaire, est ce que l'on reconstruirait cette centrale ? », en technicien honnête et exhaustif (hélas trop !) le directeur lui répond : « la conception de cette centrale datant des années 1970, si on devait la reconstruire, bien évidemment on ne la reconstruirait pas à l'identique »

Et que croyez vous qu'il arrivât au journal de 20 h ?

A la question posée par la journaliste: « Et si c'était à refaire est ce que l'on recontruirait cette centrale ? », la réponse du directeur fut immédiate et sans aucune hésitation (après cependant quelques coupures et manipulations de l'enregistrement, modifiant totalement le sens de sa réponse):

« si on devait la reconstruire, bien evidemment on ne la reconstruirait pas. » Pas, point final !

Le « à l'identique » fut, si l'on peut dire... sucré !

Alors, si même le directeur de la centrale affirme qu'il ne reconstruirait pas sa centrale, vous imaginez bien que la décision de l'arrêter a été on ne peut plus justifiée !

Ainsi va parfois l'information du public.

 

Verts, écologistes / désinformation / 28/06/2005