Envoyé par : Jean BERGEAL / AEPN

Le 20 décembre 2002

Pour : [email protected], [email protected]

Cc : Pierre-René Bauquis

Objet : Cinquièmes journées sur l'énergie / épuisement des réserves pétrolières

 

Messieurs,

En tant que participant au débat qui s'est déroulé sur le thème de l'énergie le 18 décembre, je tiens à vous faire part de la stupéfaction qui m'a saisi en voyant le peu de clairvoyance et de mise en perspective des enjeux stratégiques majeurs auquels notre civilisation va être confrontée dans les deux décennies à venir.

Mr Bauquis (spécialiste issu de la société Totalfinaelf) est le seul à avoir tenté (sans aucune écoute de la part des membres de la table ronde) d'éclairer le débat.

Il a été contré sans argumentation sérieuse par Mr Vermeulen et c'est à ce sujet que je tiens à vous apporter des informations supplémentaires. Ce Monsieur (J-L Vermeulen) nous a annoncé que la consommation de pétrole serait croissante sur les 30 à 50 ans à venir et a cité le chiffre de 5.4 Gtep par an en 2030. Ceci correspond sur les 50 prochaines années à 270 Gtep.

Les réserves mondiales restantes telles qu'évaluées par le "Oil and gas journal" sont à 1017 Gbaril soit environ 110 Gtep ou par le "World oil" 981 Gbaril alors que BP Amoco les évalue à 1046 Gbaril. On voit que la moyenne est donc bien de l'ordre de 110 Gtep.

Bien plus grave: ces chiffres sont des évaluations de réserves et ne tiennent pas compte des possibilités de production des champs.

Les experts les plus pessimistes s'accordent sur une divergence consommation / production avant la fin de la décennie alors que les optimistes pensent que ça ne se produira que vers 2020.

Voir à ce sujet les travaux de Messieurs Jean Lahérrère et Colin Campbell pour les plus pessimistes ou ceux de Mr Bauquis (du "clan" des plus optimistes) et que nous avions la chance d'avoir à notre journée en tant que participant.

Permettez moi de vous faire part de mon ahurissement lorsque Mr Vermeulen est venu, sans rire , vous vendre deux fois et demi les réserves dont le monde dispose sans qu'aucune évaluation sérieuse ou justification contradictoire ne soit apportée sur ce problème de fond qui est susceptible de ravager à court terme notre économie.

En ce qui concerne les découvertes nouvelles attendues et à venir, je me permettrai de vous signaler certains articles de référence qui feront l'obet de mail attachés à celui ci et qui montrent que celles ci sont très loin de couvrir les attentes et les besoins.

(See attached file: CERIprinter.pdf)(See attached file: AAPTSU02oil.pdf)(See attached file: Newsletter16.doc)

Qu'il me soit permis enfin de vous signaler que cette problématique a fait l'objet d'une présentation à vos collègues de la Chambre des Communes" Britannique et ceci dès 1998 et que les informations fournies alors se confirment aujourd'hui. Il semble au citoyen que je suis très dommage que la représentation Nationale soit aussi mal éclairée sur ce problème et j'espère que ceci ne sera pas occulté dans le nécessaire débat national que vous allez organiser sur le prochain semestre, début 2003.

Un dernier point à méditer: l'Irak est la seule zone ou subsite des chances fortes de mettre en exploitation des réserves probables évaluées comme le tiers de celles de l'Arabie Saoudite. Au vu de l'imminence des chocs énergétiques, ceci éclaire d'un jour assez nouveau, par rapport à ce que véhiculent les médias mondiaux, les motivations réelles de l'administration "pétrolière" de G. W. Bush vis à vis de ce pays du golfe Persique.

Jean Bergeal