La Centrale nucléaire de Saint Alban
Sommaire :
Cette présentation a pour objectif d'exposer en termes simples, accessibles à tous, l'état du nucléaire en France et l'intérêt de cette source d'énergie.
Il sera question des aspects: énergie, utilisations
industrielles, médicales et scientifiques. On ne traitera
pas des aspects militaires. Le problème des
déchets et celui de l'environnement seront
exposés. De même on verra les possibilités des
autres sources d'énergie. L'objectivité et la
transparence seront recherchées.
© ACJC - Archives Curie et Joliot Curie
C'est en 1896 que le Français Henri BECQUEREL découvrit la radioactivité naturelle de l'Uranium, minerai qui se trouve dans la nature, en particulier dans les roches granitiques. Cette radioactivité s'était manifestée par un rayonnement invisible très pénétrant, capable de traverser plusieurs centimètres de matière et d'impressionner des plaques photographiques. Contrairement à la majorité des autres atomes qui constituent toute matière, l'atome d'uranium n'est pas stable, mais émet un rayonnement de nature électromagnétique comme la lumière visible ou les rayons X invisibles. Ce nouveau << rayonnement uranique >> découvert par Becquerel correspond à ce qu'on appelle depuis rayons Gamma.
En 1898, Pierre et Marie CURIE découvrirent deux autres éléments : le Polonium et le Radium, ce dernier émettant plus d'un million de fois plus de rayonnement que l'Uranium. A partir de ces deux nouveaux éléments deux autres types de rayonnements furent mis en évidence : la radioactivité Bêta correspondant à l'émission d'un électron peu pénétrant à partir du noyau de l'atome, et la radioactivité Alpha, très peu pénétrante, correspondant à l'émission d'un noyau d'Hélium formé de deux protons et de deux neutrons ; Neutrons et Protons constituent les noyaux des atomes, ces noyaux entourés d'électrons constituent les atomes. La plupart des corps sont stables, leur noyau ne bouge pas; d'autres voient leur noyau perdre protons ou neutrons ou émettre un rayonnement électromagnétique ce sont les corps dits radioactifs.
En 1934 Irène CURIE et Frédéric JOLIOT découvrent la radioactivité artificielle : un corps stable peut être transformé en un corps radioactif : l'aluminium bombardé par des particules Alpha est transmuté en phosphore radioactif.
En 1939, JOLIOT, HALBAN et KOWARSKI étudiant la fission de l'uranium (bombardé par un neutron, le noyau d'uranium se casse en deux parties en dégageant de la chaleur) découvrent que ce phénomène est accompagné de l'émission de neutrons, susceptibles de provoquer à leur tour des fissions.
C'était la découverte de la réaction en chaîne base de l'énergie nucléaire.
On voit le rôle primordial, reconnu mondialement par l'attribution de plusieurs PRIX NOBEL, joué parles savants français dans ces découvertes fondamentales.
C'est dans la continuité de cet effort que la France a lancé et poursuivi un important programme nucléaire dans les domaines de l'énergie, du médical, des applications industrielles et de la recherche. JOLIOT, du fait de la guerre n'a pu construire le premier réacteur nucléaire en France. Il a été construit à Chicago par le savant italien Enrico FERMI en 1942.
Il s'agissait d'un réacteur à Uranium naturel et à "Neutrons lents".
La réaction en chaîne ne peut en effet se produire avec de l'uranium naturel qu'avec neutrons ralentis par le passage dans du graphite ou dans de l'eau lourde (contenue dans la proportion de 1 sur 5 000 dans l'eau ordinaire). On peut utiliser de l'eau ordinaire à condition d'enrichir l'uranium avec sa variété, en fait la seule fissile, contenue dans la proportion de 0,7% dans l'uranium naturel.
Le plus grand nombre des réacteurs fonctionnant de par le monde utilisent cet agencement et ceci sous pression afin de pouvoir monter en température.
L'uranium enrichi dans la proportion de 3 à 4% dans sa variété - ou isotope - 235 convient pour cette utilisation d'eau ordinaire qui, comme dans les chaudières à charbon ou à gaz, sert également de fluide d'échange de chaleur. La fabrication d'uranium enrichi nécessite de très grosses "usines de séparation" telle celle du TRICASTIN en France.
On peut également, avec de l'uranium très fortement enrichi, environ 90%, ou encore avec un autre matériau fissile tel le Plutonium, formé dans les réacteurs par bombardement d'uranium naturel par des neutrons, obtenir des réactions en chaîne sans ralentir les neutrons . Ceci permet à la fois d'obtenir un meilleur rendement de l'uranium naturel et de consommer le plutonium hautement radioactif produit dans les réacteurs; le fluide transportant la chaleur sera généralement du sodium. Ce sont les "Réacteurs rapides" tels PHENIX et SUPERPHENIX. Ces réacteurs convenablement constitués avec de l'uranium naturel et du plutonium peuvent former dans l'uranium des atomes de plutonium et au total produire plus de plutonium qu'ils n'en consomment ; ils sont dits pour cela : "Surgénérateurs". Pour des raisons économiques et politiques ce programme a été provisoirement arrêté en France.
Les études démographiques indiquent que la population du globe est appelée à augmenter de 30 à 50% d'ici 40 à 50 années. La demande en énergie doublera très probablement d'ici à 2050 et l'énergie électrique elle, triplera avant la fin du siècle. Les énergies fossiles ne seront pas toujours suffisantes pour répondre à cet accroissement. En effet, les réserves de charbon, de pétrole et de gaz s'épuisent : au rythme actuel de la consommation les réserves actuelles prouvées de gaz seront épuisées d'ici environ70 ans, celles du charbon d'ici environ 400 ans, celles du pétrole d'ici moins de 50 ans. De plus elles sont inégalement réparties sur la planète et posent donc des problèmes géopolitiques de commerce et d'approvisionnement. On peut néanmoins espérer que de nouveaux gisements seront découverts.
En ce qui concerne l'environnement, la combustion du gaz et encore davantage celle du charbon et du pétrole, dégage du gaz carbonique ainsi que d'autres gaz nocifs qui s'accumulent dans l'atmosphère, provoquant un 'effet de serre'. Son accroissement entraînerait un réchauffement de la Terre,préjudiciable à la flore, à la faune et au comportement climatique. Des recherches sont effectuées pour trouver si possible des solutions à ce problème. L'ampleur de l'accroissement de l'effet de serre dépendra de la vitesse de développement des pays non encore industrialisés. Leur population va croître très vite et leurs besoins en énergie seront très importants. Il n'est que de constater que la consommation en énergie d'un Américain est en l'an 2001, près de 20 fois supérieure à celle d'un Indien.
Aujourd'hui, près de 440 réacteurs électronucléaires fonctionnent dans le monde. Ils fournissent 6% de l'énergie totale produite et 17% de l'électricité. En France 57 réacteurs sont en fonctionnement et fournissent 75 à 80 % de la production d'électricité. Le plus ancien, Fessenheim-1, date de 1977. Ces centrales ont été conçues pour un fonctionnement de 30 ans au minimum; on constate à l'expérience que cette durée de vie pourra, très probablement, être prolongée jusqu'à au moins 40 ans. Des prolongations de licences de fonctionnement à 60 ans ont été délivrées aux U.S.A. L'énergie nucléaire ne rejette pas de gaz à effet de serre mais produit des déchets radioactifs en très faible quantité, mais qui doivent impérativement être contrôlés, conditionnés et stockés.
Comme déjà indiqué, les ressources fossiles, charbon, gaz et pétrole ont leurs limitations dans le temps et présentent des problèmes pour l'environnement.
Dès maintenant le pétrole est pratiquement réservé pour l'essence des voitures et pour le fuel du chauffage. Parmi ces ressources fossiles le gaz est la moins sale (il contient 75% de carbone au lieu de100% pour le charbon et 95% pour le pétrole) et présente des caractéristiques économiques comparables à celles du nucléaire, mais reste limité : la France a pratiquement épuisé tous ses sites exploitables. L'énergie qu'elle fournit représente environ 15% de celle du nucléaire.
L'énergie solaire:
Si la France ne peut exploiter cette source que marginalement,
certains pays en voie de développement jouissent d'un climat
plus ensoleillé et peuvent utiliser les 200 à 300 watts
par mètre carré que fournit, le jour, le soleil.
Ceci est utilisé essentiellement pour la fourniture d'eau chaude par panneaux solaires. La fabrication d'électricité par effet photo voltaïque ne peut servir que très marginalement en raison d'un coût encore très prohibitif et d'un rendement de production limité.
L'énergie éolienne:
Cette énergie est très attractive partout où
existent des sites venteux réguliers. Elle reste
coûteuse, elle a quelques impacts sur l'environnement comme
nous le verrons dans le prochain chapitre ; elle fait l'objet
d'importants travaux en vue de son amélioration.
L'énergie hydraulique:
Très attractive et << ultra propre >>, cette
énergie peut être utilisée partout où
existent des sites exploitables. C'est le cas en France.
La biomasse:
Le bois et la tourbe sont utilisés pour le chauffage
essentiellement dans les pays à faible développement
ainsi que dans nos campagnes. Cette énergie polluante en CO2
tend à rester stable en volume d'utilisation et n'est sans
doute pas appelée à se développer.
L'énergie géothermique:
Notre sous-sol est à température plus
élevée que la surface; des sources d'eau chaude
naturelles ou forcées, par injection depuis la surface,
constituent déjà des moyens de chauffage non polluants
et peu onéreux . Les sites actuels rentables sont
limités mais des gisements nouveaux sont
recherchés.
On a déjà vu que l'énergie nucléaire ne relâche pas de gaz à effet de serre ; par contre cette industrie produit des déchets radioactifs. On peut les classer en deux catégories :
Les déchets de faible et moyenne activité. Ces déchets ont pour le plus grand nombre une période(temps de division par deux de leur radioactivité) en moyenne inférieure à 30 ans; ceci fait qu'au bout de 300 ans leur radioactivité devient négligeable (divisée par 1000). Ils sont conditionnés dans des fûts en béton ou en acier et stockés par l'ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs) sur ses sites de LA HAGUE, et depuis 1992 sur le site de Soulaines près de Bar sur Aube. Ils y sont placés dans des casemates en béton, comblées par du béton et recouverts de terre. Un réseau de drainage permet de capter d'éventuelles infiltrations d'eau et d'en mesurer la contamination pour traitement si nécessaire. L'accroissement de la radioactivité environnante est tout à fait négligeable et donc sans impact pour la santé des populations voisines.
Les déchets de haute activité sont ceux qui sont contenus dans les éléments combustibles qui ont 'travaillé' dans les réacteurs On les trouvera donc dans ces éléments, s'ils sont stockés ou, s'ils sont retraités, dans les produits issus du retraitement dans l'usine de la COGEMA à La Hague. Ils sont constitués d'éléments à vie longue tels le plutonium dont la période est de 24 000 ans. Il faut donc plus de 100 000 ans pour voir leur radioactivité ramenée à un niveau sans danger et plus de 1000 ans si le plutonium, élément combustible, est brûlé dans des réacteurs pour fournir de l'énergie. Les déchets sont conditionnés dans des matrices de verre et ainsi vitrifiés placés dans des fûts en acier inoxydable et stockés, actuellement, sur les sites de production.
La loi BATAILLE (du nom du député qui en a rédigé la proposition) de décembre 1991 prévoit de poursuivre les recherches dans trois voies : la recherche fondamentale, l'entreposage en surface et le stockage souterrain. Des "laboratoires souterrains" sont mis en oeuvre pour expérimenter diverses solutions dans des formations constituées de roches, d'argile ou de sel. Le Parlement doit décider en 2006 des solutions à retenir et à mettre en oeuvre.
Volume des déchets radioactifs : il s'agit en France pour une année de production actuelle (chiffre de l'an 2000), d'un tonnage de 50 000 tonnes pour les déchets à faible et moyenne activité, et de 500 tonnes pour les déchets hautement radioactifs. Ceci correspond par habitant et par an à : 1 kg de déchets à faible et moyenne activité et à 10 grammes pour les déchets de forte radioactivité.
Ces chiffres peuvent se comparer, toujours par habitant, dans notre pays, et par an, à :
De plus ceci ne prend pas en compte les rejets de gaz à effet de serre provoqués par la combustion des combustibles fossiles: charbon, pétrole, essence....
Pour donner d'autres images des volumes de déchets radioactifs, on peut indiquer qu'en l'an 2000 le total des déchets vitrifiés de haute activité accumulés depuis le début de l'énergie nucléaire en France est de 3000 mètres cubes environ, soit le volume d'une piscine olympique, et qu'une famille française équipée du tout électrique produit en 30 ans une quantité de déchets vitrifiés correspondant au volume d'un paquet de cigarettes.
Les accidents nucléaires.
Il nous faut citer ici principalement l'accident d'avril 1986 de
Tchernobyl en Ukraine. C'est le seul cas où le réacteur
no 4 a explosé, ceci ayant pour causes une manoeuvre humaine
interdite sur un réacteur de conception instable et sans
enceinte étanche. L'impact sanitaire a été le
suivant : sur le millier d'intervenants les premiers jours, dans des
conditions très dures, près de 50 sont morts de
brûlures et surtout d'irradiation excessive, dans les semaines
qui ont suivi l'accident. Les liquidateurs, on a appelé ainsi
les ouvriers qui ont nettoyé le site et construit le
sarcophage autour du réacteur complètement
détruit, ont été près de 600 000. On a pu
constater sur les dosimètres dont certains étaient
équipés, que 30% d'entre eux avaient été
exposés à des doses de rayonnement atteignant parfois
5% de la dose mortelle, donc susceptibles de créer des
problèmes de santé à long terme.
Si aucune augmentation de la mortalité n'a pu être constatée depuis 1986 dans ce groupe, difficile à suivre car éparpillé depuis dans toute l'ex URSS, un nombre de maladies anormalement élevé est apparu et on estime à plusieurs centaines le nombre de cas de mortalité par le cancer qui pourraient encore survenir.
La population alentour peut être estimée à 3,7 millions d'habitants dont 1 360 000 ont évacués dans les jours qui ont suivi l'accident et ont été soumis à des rejets de gaz radioactifs. Ce sont surtout les enfants qui ont été affectés par l'iode radioactif : 1 400 d'entre eux ont manifesté un cancer de la thyroïde qui, même s'il est curable à 95 %, a provoqué un grand impact psychologique.
D'une manière générale sont apparus des troubles dans la population : anxiété, troubles de l'humeur et autres qui sont souvent encore présents quoique en régression. Les retombées des nuages radioactifs n'ont jamais en France atteint des niveaux dommageables pour la santé publique. L'accident de Tchernobyl par sa gravité, a fait l'objet de fortes amplifications médiatiques et a été à l'origine d'une désaffection pour l'énergie nucléaire au point de ralentir son essor dans plusieurs pays et même d'arrêter son exploitation dans certains.
Citons également l'accident de Three Mile Island qui s'est produit en 1979 aux USA, accident majeur puisque le coeur du réacteur a fondu, mais qui grâce à l'enceinte étanche n'a eu aucune répercussion sur la population.
Ceci montre, à l'évidence, que les qualités de conception, de construction et d'exploitation sont fondamentales.
On a vu que le charbon, le pétrole, le gaz et le bois sont producteurs de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre, responsables d'un réchauffement de la planète. Des tentatives d'accords internationaux sont en cours pour réduire ces consommations et leurs effets. Par ailleurs le charbon est responsable de nombreux morts dans les mines ( accidents et silicoses) . On compte actuellement de 1000 à 1500 morts par an dans les mines de charbon rien qu'en Chine.
L'hydraulique n'a pratiquement que des effets locaux concernant les sites et l'irrigation, mais il faut mentionner les graves accidents provoqués par les ruptures de barrages.
L'énergie éolienne présente des inconvénients : elle est bruyante mais surtout très gourmande en place et dépare les sites pour peu que l'on ne se contente pas d'une faible puissance très localisée. Pour donner un ordre de grandeur, indiquons ici que les projets avancés concernent des éoliennes de 3000kW. Elles ont des pales de 60 mètres de diamètre et nécessitent des tours de portage de 80 mètres de hauteur.
Pour atteindre la production d'une centrale de 900 MW il faudrait, en tenant compte d'une disponibilité des éoliennes de 40 % environ, 900 éoliennes qui, alignées, couvriraient un site de près de 40 km. Des solutions en mer sont étudiées et répondraient à la fois aux problèmes de bruit et d'encombrement.
L'énergie solaire, autre que pour la production d'eau chaude, demande des convertisseurs thermoélectriques dits photo-voltaïques, qui ne donnant en moyenne que 100 watts par mètre carré demandent des surfaces très importantes.
Elle coûterait, selon l'ensoleillement, de 10 à 20 fois plus cher que l'énergie nucléaire. Ajoutons que ces deux types d'énergie nécessitent pour une disponibilité continue l'installation de batteries de stockage pour compenser l'absence de vent ou d'ensoleillement. On a vu que si la géothermie n'a pratiquement aucun impact sur l'environnement, la pollution provoquée par l'énergie des biomasses est du même type que celle du charbon.
Actuellement le nucléaire permet à la France d'économiser annuellement 88 millions de tonnes de pétrole; on peut ainsi calculer qu'au cours moyen de 37 dollars le baril (136 kg de pétrole) l'économie annuelle en devises est de 24 milliards de dollars soit 185 milliards de francs : la moitié du budget de l'Education Nationale.
En économie de rejet de CO2 le nucléaire fait gagner, par an, entre 200 et 400 millions de tonnes de CO2 selon qu'on utilise du gaz ou du charbon pour la remplacer.
En économie de marées noires il faut remarquer que 88 millions de tonnes représentent près de 356 gros pétroliers (2000 ERIKA ou 350 AMOCO CADIZ) soit un par jour, ce qui montre la possibilité de nombreuses marées noires.
Ces économies, en devises, en rejet de CO2 et en marées noires sont à mettre au crédit de l'énergie nucléaire française.
La radioactivité de certains corps se manifeste par une diminution continue du nombre de leurs atomes. On appelle << période >> le temps mis pour une population de mêmes atomes de voir son nombre divisé par deux. Ceci, dans le domaine de la connaissance, permet d'accéder à l'âge de sculptures, de peintures anciennes et de bien d'autres objets. C'est ainsi que l'uranium naturel avec sa période de 4,47 milliards d'années a pu constituer une véritable horloge de l'univers. L'âge de la Terre, que l'on évaluait il y a un siècle à environ 75 millions d'années, a pu être précisé à environ 4,5 milliards d'années.
La découverte des réacteurs naturels d'OKLO au Gabon où des réactions en chaîne se sont entretenues d'elles-mêmes durant des millions d'années dans des gisement d'uranium a été suivie de datations qui ont permis de déterminer que ces réacteurs avaient fonctionné il y a 2 milliards d'années, à une pression correspondant à une profondeur de 3000 mètres d'eau.
On voit comment la connaissance de l'infiniment petit, tel l'atome, a pu amener à des connaissances de l'infiniment grand, tels l'Univers et la Terre.
Dans le domaine de l'art, les rayonnements nucléaires, surtout les rayons gamma, sont utilisés pour la préservation d'oeuvres d'art. C'est ainsi qu'en particulier a été sauvée la momie de RAMSES qui, après irradiation en France, a pu être retournée au musée du Caire, guérie de toutes ses attaques bactériennes destructrices. C'est ainsi également que des statues anciennes sont irradiées, après imprégnation par des plastiques, ce qui polymérise le plastique qui se durcit 'in situ' et restitue un objet parfaitement solidifié et à l'abri des attaques bactériennes.
Dans le domaine de l'industrie, l'irradiation par des rayonnements nucléaires sert à polymériser des plastiques, à contrôler des soudures, à mesurer des niveaux de liquides, à mesurer des épaisseurs de matériaux et à stériliser des aliments : graines, viandes et pommes de terre. Cette liste est incomplète mais montre l'importance de ces utilisations qui ne donnent lieu à aucune induction de radioactivité dans les corps irradiés.
C'est dans le domaine de la médecine que le nucléaire est le plus utilisé. Dans le domaine du "diagnostic" on connaît l'apport des machines à résonance magnétique nucléaire (IRM), de la scintigraphie, de la tomographie et de l'ostéographie (mesure de la densité des os). Toutes ces techniques font partie de ce qu'on appelle L'IMAGERIE MEDICALE.
Dans le domaine de la "thérapie", c'est surtout la lutte contre le cancer qui a fait bénéficier de nombreux malades du traitement par irradiations. Les chiffres sont éloquents : en France chaque année la lutte contre le cancer par les techniques d' irradiation permet d'obtenir près de 300 000 rémissions et 30 000 guérisons totales. Ce domaine du traitement du cancer fait l'objet de perfectionnements constants et les chiffres indiqués sont, années après années, en constante amélioration.
L'opinion publique est conditionnée par des facteurs souvent irrationnels.
Le public est viscéralement orienté, et ceci est normal, vers la sûreté de son existence et celle de sa descendance. Il subit des influences d'ordre politique et médiatique; la presse et la télévision constituent souvent son credo.
C'est ainsi que sont apparues des craintes et parfois des psychoses concernant :
La nourriture : la viande (vache folle), les poissons et crustacés (marées noires et pollutions diverses de la mer et des rivières), les fromages, les oeufs, les légumes et les céréales (contaminations bactériennes et modifications génétiques), le tout étant souvent amplifié par les médias.
L'environnement : le CO2, les fumées, les gaz d'échappement, par l'augmentation de l'effet de serre qu'ils provoquent amènent à restreindre le chauffage et l'utilisation de la voiture.
Les effets des rayonnements : ils sont mal connus du public. Les scientifiques ont hésité et cherché avant de se déterminer.
Les effets des rayonnements ont tout d'abord, en raison du principe de précaution, été décrits comme répondant à une loi de linéarité, ce qui revient à dire que les effets sont proportionnels à la dose de rayonnement reçue. Autrement dit, si 500 unités de rayonnement reçus par un seul individu entraînent sa mort, une unité reçue par 500 individus entraînera la mort de l'un d'entre eux. Ceci est évidemment absurde : à titre de comparaison, si un seul individu avale 500 cachets d'aspirine, il mourra, cela ne veut pas dire que si 500 individus avalent chacun un comprimé, l'un d'entre eux mourra ! On n'est pas encore revenu totalement sur cette loi 'linéaire' qui a engendré une autre stupidité dans certains propos: en effet l'organisme humain est faiblement radioactif (le potassium contenu dans nos os) nous sommes donc tous des déchets radioactifs ! Finis les cimetières ! tous nos morts devraient être envoyés à la décharge des déchets radioactifs ! A contrario de ces thèses dépassées, des études démontrent qu'une faible dose de rayonnement est plutôt favorable et prévient du cancer.
Ces phénomènes étant complexes à comprendre, il y a là de quoi engendrer des hésitations pour le public qui a donc tendance à se réfugier dans l'ultra protection.
L'énergie: le nucléaire engendre des peurs, l'éolien fait du bruit et dépare les paysages, les énergies fossiles sont responsables de l'augmentation de l'effet de serre. A subir toutes ces craintes, la vie serait impossible; comme disent les philosophes : une société qui veut vivre sans risques est une société qui se meurt. Il faut donc raison garder et ne pas oublier que l'ère moderne, avec les progrès de la science, de la médecine et l'hygiène, a vu depuis un siècle la durée moyenne de la vie de l'homme augmenter de plus de 50% : l'espérance de vie s'accroît actuellement de un trimestre par an. Il y a cependant une pollution forte, il faut être attentifs à notre environnement sans céder aux peurs et psychoses irrationnelles.
Il convient également de ne pas oublier que dans le monde 100 millions d'hommes meurent chaque année de malnutrition, 20 millions meurent par abus de tabac ou d'alcool. Rien qu'en France nous avons près de 8000 morts par an suite aux accidents de voiture, 80 000 morts du tabac et 9000 suicides chez nos jeunes : ceci montre les actions à entreprendre pour améliorer le devenir de notre société. Nous devons, de plus, évoquer les catastrophes naturelles : tremblements de terre, ouragans et inondations responsables d'un grand nombre de morts, mais contre lesquelles nous sommes bien souvent impuissants.
L'estimation de l'accroissement de la demande mondiale en énergie est de l'ordre de 50% d'ici 2040 . Pour les 20 années à venir il y a peu de révolutions à attendre. En effet le nucléaire se veut évolutif et envisage de poursuivre la filière qui lui a si bien réussi et pour laquelle il a accumulé une forte expérience : la filière uranium enrichi et eau légère. Le projet franco-allemand EPR est l'illustration de cette continuité avec des ajouts importants de sécurité : même la fusion du coeur est prise en compte dans la conception et dans la construction du réacteur : double enceinte de confinement et cendrier sous le réacteur pour contenir tout échappement de gaz et de coeur en fusion (accident ultime hautement improbable).
L'éolien fait des progrès : diminution des bruits et augmentation du rendement , mais ne peut rester qu'une énergie d'appoint en raison de son caractère aléatoire, de son encombrement et de sa fragilité en cas de grosses tempêtes.
Le solaire ne fait guère de progrès et restera marginal.
L'hydraulique, en France, est saturée, la plupart des grands sites possibles étant déjà équipés.
Le gaz est sans doute très attractif et susceptible par la cogénération (production à la fois d'électricité et de chaleur) d'être très compétitif pour peu que le prix du gaz n'augmente pas et que son approvisionnement nous soit assuré (la production française est largement insuffisante). De plus l'émission de CO2 reste un problème. Les coûts sanitaires et environnementaux enlèvent toute compétitivité aux énergies fossiles.
Les piles à combustible font l'objet de recherche de réduction de taille et d'augmentation de leur rendement et permettraient un essor de la voiture électrique sans constituer cependant un nouvel appoint énergétique.
C'est donc le nucléaire qui, en France, continuera d'assurer l'énergie de base pour la production d'électricité. Il est probable que dans notre pays l'augmentation de la demande restera inférieure à l'augmentation moyenne mondiale de 50% et qu'il est difficile de prévoir l'augmentation de nos exportations de courant.
Au delà de 2020 et jusqu'en 2050 on peut se permettre des prévisions, mais des découvertes scientifiques et des filons nouveaux d'énergie restent possibles.
Parmi ces solutions non encore réalisables se trouve la fusion thermonucléaire contrôlée : il s'agit de provoquer à très haute température la fusion d'atomes d'hydrogène à l'image de ce qui se produit dans le soleil. Les difficultés résident dans les problèmes technologiques liés à la très haute température(plusieurs millions de degrés), à l'entretien d'une telle réaction et à l'échange de chaleur . On n'attend pas de résultats avant 20 à 30 ans.
Le nucléaire par fissions, celui d'aujourd'hui, est susceptible d'importants progrès et fait l'objet d'études considérables. De nouveaux types de réacteurs sont expérimentés, ces projets visent à augmenter encore la sécurité intrinsèque et à réduire les coûts d'investissements jugés trop élevés avec les concepts actuels.
Ce résultat peut, entre autres, s'obtenir en construisant des unités plus petites et modulaires (plusieurs petites unités pour réaliser une grande centrale).
Parmi ces projets, citons le projet GT-MHR, projet international auquel participent le CEA et FRAMATOME. Ce réacteur fonctionne à haute température (850 degrés), avec un combustible uranium/plutonium enrobé dans du graphite en forme de petits boulets. Le fluide caloporteur étant de l'hélium qui alimenterait directement une turbine à gaz couplée à un alternateur de puissance allant de 100 à 300 MWe.
Le rendement est, grâce à la haute température, supérieur à celui des réacteurs actuels ; la sûreté intrinsèque serait également améliorée par une capacité plus grande d'évacuation de la chaleur par convection naturelle en cas de perte accidentelle des moyens de circulation forcés du gaz; une diminution est également attendue sur la quantité de déchets radioactifs produite.
D'autres projets sont également à l'étude : amélioration des réacteurs à eau bouillante, déjà très répandus, sûrs et économiques, et réacteurs à neutrons rapides refroidis au gaz (CO2 ou Hélium). On a vu tout l'intérêt d'une filière rapide au point de vue de l'économie du combustible, dans une perspective de "développement durable". Citons encore des recherches sur des réacteurs à sels fondus et sur des réacteurs utilisant du thorium à la place de l'uranium (le thorium est une ressource minérale importante). On voit donc que l'énergie nucléaire possède des capacités de progrès considérables sur les plans de la sécurité et de l'économie. Elle est déjà la plus sûre et la plus économique parmi les sources d'énergie utilisées par l'homme. Les déchets nucléaires ont des solutions sûres de stockage et de réduction de volume. Seule l'opinion publique encore réticente attend des décideurs des prises de positions nettes et des garanties sur les installations. Il se trouve que les décideurs craignent de prendre à rebrousse-poil un public qui constitue son électorat.
Tout ceci rentrera dans l'ordre et la compréhension le jour où, la confiance revenue, la nécessité fera loi !
L'énergie est indispensable pour la vie moderne et le progrès des peuples; l'augmentation de la production est inéluctable. Toutes les formes d'énergie seront nécessaires et méritent d'être développées. Pour éviter l'accroissement de l'effet de serre et pour la grande production de base d'électricité et de chaleur, l'énergie nucléaire est incontournable. Sa sûreté et sa compétitivité étant d'ores et déjà assurées, l'opinion publique y adhérera chaque jour davantage.
Si ce petit livret pouvait modestement y contribuer, son objectif aura été atteint.